Les experts ont abordé le sujet des options de financement et encadrement pour les micro- et petites et moyennes entreprises africaines (MPME) ainsi que le rôle potentiel de la diaspora africaine à cet égard.
Le 22 Novembre 2023, WIDU.africa a organisé une table ronde sur le thème « Améliorer l’accès au Financement et aux compétences pour les PME africaine en collaboration avec la diapsora africaine » à Berlin, dans le cadre Africa Connect Startup Week organisé par Make-IT Africa. Au cours des échanges, les experts, les praticiens ainsi qu’un entrepreneur africain originaire du Kenya ont discuté des défis auxquels sont confrontés les entrepreneurs africains et ont réfléchi à des solutions pratiques pour les MPME durables et productive en Afrique. Les panélistes ont notamment évoqué les options dont disposent les entrepreneurs africains afin de financer leurs idées entrepreneuriales, ainsi que les défis associés aux à ces options. Un autre élément clé à retenir a été l’importance et le potentiel des transferts de fonds financiers et sociaux de la diaspora dans ce contexte.
Présentation animée du monde de l’entrepreneuriat.

L’entrepreneure Florence Mogere a ouvert la discussion en décrivant les défis auxquelles elle a dû faire face au cours de sa carrière. « Les supermarchés ont enfin voulu vendre mes produits – c’est à ce moment que j’ai rencontré les défis bureaucratiques » elle explique. Les documents étaient difficiles à remplir et le processus a pris beaucoup de temps. « Ce n’était pas facile pour moi en tant que jeune entrepreneure ». L’argent était également un problème, particulièrement convaincre les investisseurs de son projet commerciale Frozen Isles. En fin de compte, Florence a bénéficié de sa participation à WIDU.africa. En effet, elle a pu acquérir l’équipement nécessaire pour son activité grâce à un transfert de fonds de son donateur de la diaspora.
Soit diaspora soit prêt bancaire ? Les options de financement pour les MPME Africaines

Emmanuel Nomafo, est un expert dans la mise en relation des MPME avec des systèmes de financement et aux marchés ; avec une spécialisation dans l’accès au financement par emprunt pour les MPME. Les entrepreneurs africains font face à de majeurs défis, tels que : 1) une offre de crédit limitée pour les petites entreprises, la priorité étant donnée aux gros emprunteurs. 2) Des taux d’intérêts élevés qui rendent le cout du crédit trop cher et inabordable. 3) De hautes exigences en termes de garanties, généralement sous la forme d’actifs fixes (terrains ou bâtiments), en raison du risque perçu élevé lié au prêt. 4) des processus de candidature complexes, tels que des contrôles de rentabilité rigoureux et des exigences de dépôts minimums. 5) des durées de remboursement des prêts plus courtes que ce qu'exigerait le cycle d'une entreprise « du type WIDU ». Du côté des banques, elles font face à : 1) manque d’informations fiable au sujet de l’entrepreneur, 2) un manque d’étude de cas pour le « milieu manquant », 3) de hauts risques dus à des défaillances de crédit potentielles, Ces derniers ne concernent pas seulement la qualité de l’entreprise ou des garanties, mais aussi le risque que l’entrepreneur sollicite plusieurs prêts auprès de plusieurs institutions en même temps, et ainsi risquer le surendettement. Les Bureaux Nationaux des Référence pour le Crédit qui pourraient, de manière centralisée, collecter et fournir aux banques et (aux emprunteurs aussi) des informations neutres au sujet de la fiabilité de l’emprunter, comme la Schufa en Allemagne sont soit inexistants soit sous-développé. »
« Bien évidemment, nous reconnaissons ces défis auxquelles sont confrontés les MPME Africaines » explique Georg Koeppinghoff de WIDU.africa « WIDU pourrait être la solution pour intégrer les entrepreneurs soutenus dans le marché, mais nous souhaitons aller un pas plus loin dans notre deuxième phase : C’est pourquoi nous œuvrons à la mise en place d’une coopération avec des banques africaines dans le cadre de la deuxième phase du projet WIDU.africa ». L’idée étant que WIDU fournisse des données sur les utilisateurs et, en retour, les entreprises reçoivent des prêts subventionnés de la part des banques, une sorte de suite au financement auquel les entreprises peuvent prétende si elles ont déjà participé au projet à trois reprises.
Les conditions économiques doivent changer

Mavis Owuso Gyamfi, qui travaille pour le think tank ACET, s’est concentrée sur une problématique générale qui a, néanmoins, un impact majeur sur le développement des MPME en Afrique. En utilisant l’éexample de la production de cacao, elle a illustré ce défi en déclarant :
« N’est-il pas stupéfiant que les pays africains exportent toutes les matières premières nécéssaire à la fabrication du chocolat vers des pays comme la Suisse, et que ce chocolat ne se retrouve ensuite sur les rayons des supermarchés africains que sous forme de barres de chocolat prêtes à consommer ? » Afin que l’ensemble du processus de production prenne lieu en Afrique, un commerce simplifié entre pays africains serait nécéssaire afin de permettre les importations des matières premières du chocolat au sein du continent. La création de centre d’excellence africains spécialisés dans certaines étapes de production pourrait aussi être une possibilité, selon elle.
Table ronde dans le cadre d’une conférence internationale
La table ronde, qui a attiré de nombreux participants, a eu lieu dans le cadre de la Make-IT in Africa Start-Up Connect Week et de la conférence Compact With Africa du G20. Elle visait à souligner les défis auxquels sont confrontées les micro-entreprises en Afrique et leur immense importance pour les économies africaines, tout en explorant des pistes de solutions.
WIDU.africa a également invité trois entreprises du Cameroun, du Ghana et du Kenya, entre autres, qui ont eu l’opportunité de discuter de leurs idées avec d’autres entrepreneurs et de les présenter à Olaf Scholz et Svenja Schulze, ministre fédéral de la Coopération économique et du Développement.